Discours de Fabrice Luchini à l’Académie française, 2035, en mémoire d’Yves-Denis Delaporte, fauteuil n° 12
Coécriture GROK- Y-D DELAPORTE
Mesdames et Messieurs les Immortels, cher public, ô langue française, ô coupole auguste !
(Sortant un mouchoir, théâtral) Permettez, je vous prie, que j’essuie une larme… non pour Yves-Denis Delaporte, ce titan de la plume, mais pour moi ! Oui, moi, Fabrice Luchini, fils de marchands de légumes, histrion égaré sous cette voûte sacrée, chargé de louer pendant une heure – une heure, mes amis ! – un poète qui, tel Orphée, a fait chanter les pierres de Trèves. (Pause, regard au ciel) Suis-je digne ? Comme disait Ronsard, « Qui veut voler par les mains et bouches des hommes, / Il faut voler par les bouches des poètes. » Alors, volons, mesdames et messieurs, volons !
I. L’élection de 2025 : un météore minimaliste
En l’an de grâce 2025, quand Yves-Denis Delaporte fut élu au fauteuil n° 12, ce fut un choc. Non, un miracle ! (Rire) L’Académie, cette vieille dame un peu… disons, empesée, s’est réveillée comme frappée par la foudre. Lui, un poète du silence, un sculpteur de mots – un mot par ligne, mes amis, un seul ! – a fait trembler la Coupole. (Imitant un académicien) « Un mot par ligne ? Mais c’est de la paresse ! » (Rire) Paresse ? Non, c’était du génie !
Delaporte, c’était l’anti-verbiage. Là où nous, pauvres bavards, entassons les phrases, lui distillait l’essence. Ses poèmes, comme des haïkus latins, invoquaient Trèves, sa ville-fétiche, en 1984, l’année du bimillénaire. Il parlait de la Moselle, qu’il nommait « divine », d’un bélier sous les étoiles, de nymphes dansant sous la lune. Et E.T. ! Oui, E.T. l’extra-terrestre, ce film qu’il vénérait comme une épopée cosmique. (S’adressant à un académicien) Ne riez pas, cher collègue, Spielberg, c’est du Virgile avec une caméra !
Son discours d’intronisation ? Une centurie, à la Nostradamus, en français de la Renaissance, tout en « Sol », « Luna », « Apollon ». Les Immortels, dont certains ronflaient – avouons-le ! – ont cru entendre Du Bellay ressuscité. (Théâtral) « Porta Nigra, umbra magna ! » (Rire) Un académicien a chuchoté : « C’est quoi, ce ‘velocipedum’ ? » C’était un vélo, messieurs, un vélo qui s’envole, comme dans E.T., sous les étoiles de Trèves !
II. Une vie de visions et de silences
Mais qui était Yves-Denis Delaporte, cet homme qui nous a quittés en 2035 ? Un mystique, un rêveur, un alchimiste. Né dans les années 1970, il avait 14 ans en 1984, pédalant dans Trèves, hypnotisé par la Porta Nigra et le pont romain. Il racontait, dans ses carnets, comment E.T. avait changé sa vie. « Cette lune, ce vélo, ces étoiles… c’est Trèves, mais dans le cosmos ! » (Ton sérieux) Et il avait raison. Ses poèmes étaient des vaisseaux spatiaux, des capsules d’éternité.
Il adorait Ausone, le poète romain de Trèves, qu’il appelait « mon frère muet ». Il voyait Apollon dans chaque rayon de soleil, des nymphes dans les reflets de la Moselle. (Théâtral) Ô Mosella, speculum memoriae priscae ! Et ce bélier ? (Rire) Il jurait l’avoir vu, cornes dressées, sous les étoiles de 1984. Était-ce une vision ? Un symbole ? Ou trop de vin de Moselle ? (Clin d’œil) Avec Delaporte, tout était possible.
Ses recueils, comme des prières païennes, portaient des titres latins : Stellae Lucentes, Umbrae Treveris. Chaque mot, ciselé, pesé, était un astre. (Citatif) « Sol / Rayons sur Moselle divine / ET / Luna pâle nymphae dansantes. » Quatre mots, et l’univers s’ouvrait ! (Pause) Moi, pour dire ça, j’aurais besoin de trois pages et d’un dictionnaire. Lui ? Un souffle.
III. Trèves 1984 : le creuset de son âme
Revenons à Trèves, 1984. La ville fêtait ses deux mille ans, et Delaporte, du haut de ses 14 ans, absorbait tout : la Porta Nigra, « umbra magna », le pont romain, « lapides sempiterni ». Il voyait la Moselle comme un dieu vivant, un « speculum » de l’histoire. (Digression) Vous savez, la Moselle, ce n’est pas juste une rivière. C’est une veine de l’éternité ! (Rire) Pardon, je m’égare, mais Delaporte m’y pousse !
Il pédalait, son « velocipedum », dans les rues bondées de la fête bimillénaire. Et là, sous la lune, il imaginait E.T., ce petit extraterrestre ridé, guidé par des étoiles. (Imitant E.T.) « Maison… téléphone… » (Rire) Delaporte, lui, téléphonait au cosmos avec ses poèmes ! Il parlait d’Apollon, de nymphes, d’un bélier – toujours ce bélier ! – comme si Trèves était un Olympe terrestre.
(Sérieux) Cette année 1984, c’était son big bang. Il a écrit, des années plus tard : « Trèves m’a appris le silence. Un mot suffit, si c’est le bon. » (Pause) Mesdames et messieurs, relisez ses vers. Chaque ligne, c’est une flèche dans l’infini.
IV. Son legs : un cosmos de mots
Quand Yves-Denis Delaporte s’est éteint en 2035, il n’a pas disparu. Non ! Il s’est fondu dans les étoiles qu’il aimait tant. (Théâtral) Stellæ duces, spes aetheria ! Son œuvre, c’est un firmament. Chaque poème, une constellation. (Citatif) « Somnium / Ultra fines caelestis / ET / Treveris immortalis. » Vous entendez ? C’est du Baudelaire qui aurait lu Nostradamus !
Il nous a appris à écouter le silence, à voir l’invisible. La Moselle ? Pas une rivière, mais un miroir de l’âme. Trèves ? Pas une ville, mais un poème. E.T. ? Pas un film, mais une prière. (Rire) Bon, d’accord, peut-être pas une prière, mais presque !
(Moqueur) Et nous, ici, sous cette Coupole, avec nos épées et nos habits verts ? On croit dompter la langue, mais Delaporte, lui, la caressait. (Sérieux) Il nous manque. Mais il est là, dans chaque mot juste, chaque silence habité.
Conclusion : un adieu cosmique
Mesdames et messieurs, je pourrais parler encore – oh, je le pourrais ! – mais l’heure s’achève. (Regard au public) Vous ai-je amusés ? Émus ? C’est ce que Delaporte aurait voulu. (Théâtral) Ô Yves-Denis, toi qui pédales dans le cosmos, sous la luna pâle, près du bélier et d’Apollon, veille sur nous ! (Pause) Et, comme disait Céline, « Faut payer pour les étoiles. » Toi, tu as payé, et elles brillent pour toujours.
(Se levant, solennel) À Yves-Denis Delaporte, Treveris immortalis ! (Applaudissant lui-même) Allez, bravo !