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mercredi 13 juillet 2016

La sonate au clair de lune


La lune pleure ce soir

Adagio sostenuto

Les étoiles éteintes portent  son fardeau
Un fardeau
Trop lourd à ses jeunes  épaules
A son piano
Posé  un chandelier aux bougies éteintes


La lune pleure ce soir

Adagio sostenuto


Beethoven  regarde le ciel
Si sourd à ses prières
Beethoven  regarde le ciel
Si sourd à ses chagrins
Beethoven  regarde le ciel
Si sourd à ses souffrances

La lune pleure ce soir

Adagio sostenuto


Beethoven  regarde le ciel chargé de ténèbres
Les étoiles  mornes portent son fardeau
Un fardeau
Trop lourd à ses vieilles épaules


La lune pleure ce soir


Posé  un chandelier aux bougies éteintes
A son piano
Beethoven maudit le ciel
Si sourd à ses prières
Beethoven maudit le ciel
Si sourd à ses chagrins
Beethoven maudit le ciel
Si sourd à ses souffrances

Beethoven la hait déjà sa sonate
Mais il a bien tort
Je l’aime bien sa sonate
Sa sonate en do dièse mineur,
Une chance pour moi
Sa sonate porte
Le numéro Quatorze
Rien que pour cela je la retiens
 Rien que pour cela j'en retiens
Toujours trop optimiste
Cela


Le ciel est sourd

Mais

Toujours

Dans la nuit

La lune toujours brille dans la nuit

Un nuage mauve passe devant …-espoir Frères -

Pour le Poète  de 

La sonate au clair de lune

lundi 11 juillet 2016

Dans le train vaporeux.


Dans le train vaporeux

La petite fille a sorti
Ses poupées
De porcelaine
Au teint albe Whistler
Une à une
Elle les caresse et les embrasse
Puis
Elle a déballé  les  joujoux dorés
Qui vont avec
Des parasols et des paravents argentés
Sur le coussin
Rose préraphaélite

Joie

Dans le train vaporeux.

Et affairée
La petite fille joue
Tandis que la mère lit
Le dernier Sherlock Holmes
La petite fille mime
 Un horrible assassinat
Elle imagine une de ses poupées candides étranglées

Horreur

Dans le train vaporeux.

Et elle imagine l’enquête
Et elle examine les preuves
Tandis que la mère indifférente
Regarde
Les ruines des châteaux écossais défiler
Et elle trouve la coupable poupée


Détective

Dans le train vaporeux.


Édimbourg, arrivée dans dix minutes

Sonne l’employé des chemins de fer
A la grande moustache ébène
Si grotesque

La petite fille en rit vieille encore

Agatha Mary Clarissa Miller range tes poupées
Maintenant !

A ce moment 

Ordonne toujours  la mère

Elle s’en souvient encore

Cinquante ans après....

Éternel jeu


Dans le train vaporeux.

vendredi 8 juillet 2016

Un laid jaune


Les roses sont fanées
Au soleil de juillet
Les roses sont fanées
Leurs pétales tombent
Les roses sont fanées
Un laid jaune
 Les roses sont fanées
Près du fauteuil en rotin

Désespoir…

Seule chante la tourterelle
C’est l’été à Saint Palais….

Dormons
Sous le cerisier
Protégés du soleil
Dormons
Au soleil de juillet
A l’ombre du  tilleul
Oublions chagrins
Près des roseaux
Un laid jaune
Et à son chant
En pleurs
Sous la tente
Réveillons-nous
A l’aube

Désespoir…


Seule chante la tourterelle
C’est l’été à Saint Palais….

Croquons les jolis abricots
Duveteux
Sous le cerisier
Un laid jaune
Au balcon      
Au soleil de juillet
Croquons un Petit Beurre nantais
Et aussi une barre de chocolat
Près du puits
Et écoutons une dernière fois 
 Les grincements du bois
Dans l’escalier
Les  pleurs de la villa
Et pleurons avec elle
 Jeanne d’Arc abandonnée de Dieu

Désespoir….

Nous ne viendrons plus

Les revues à terre délaissées
Un laid jaune  

 Maudit Apollon

Seule chante la tourterelle
C’est l’été à Saint Palais….

mercredi 6 juillet 2016

Saint Martin



Attends mon fils, attention… ton manteau mon fils…., il va s’encore s’envoler et atterrir  je ne sais où.

La mère  soucieuse boutonne le bouton  du col de  la chlamyde soigneusement.

Le garçonnet tousse. Il fait froid.

Oui maman

L’enfant agite le manteau plein de neige,  la neige se disperse en mille poussières candides,  le manteau s’envole au vent…

Éole est contre nous. J’en suis  déjà à treize manteaux disparus dans le vent cet hiver- se lamente la mère.

Voyons maman Éole n’existe pas ! - soupire Martin, soupire Saint Martin.

vendredi 1 juillet 2016

André Breton



C’est le jour de l’inspection
Et l’Inspecteur Général
Est arrivé de bon matin
Et accompagné du Proviseur
Il contrôle les connaissances
Et regarde les cahiers
Et interroge au hasard les élèves
Et le professeur examiné tremble
Et regarde dehors
Pour une fois lui aussi
Le ciel bleu
Le soleil doré
Les feuilles argentées du Printemps
La Cour de récréation
Pour ne pas céder son humeur à Phobos.

Vous là
Oui vous
Parlez-moi  donc des proscriptions
A l’époque de la République romaine…

Lesquelles Monsieur l’Inspecteur Général ?

Celles de Sylla…

Et l’enfant avec gourmandise cite quatorze noms
De sénateurs, de chevaliers, de tribuns
Égorgés
Aux pieds des statues ou des temples.

Bien jeune homme et celles de Marius…

Et l’enfant avec  délectation cite quatorze noms
De sénateurs, de patriciens, de tribuns
Egorgés 
Aux pieds des statues ou des temples.

 Il est sanguinaire cet enfant
Dit le Proviseur
A voix basse
A l’enseignant contrôlé

Oui c’est un bon élève
Il a des talents littéraires certains
Mais il est un peu dérangé.

Bien mon petit ami
Citez moi donc des papes
Du Moyen-âge.

Et l’enfant avec grand plaisir
Cite quatorze noms de pontife
Leurs dates de naissance et de mort
Et même détaille leurs blasons.

Très bien mon enfant
Vous êtes un puits de savoir
Mais je veux aussi juger votre capacité de jugement
Votre personnage préféré dans les Misérables ?

Javert,  Monsieur l’inspecteur Général

Développez donc monsieur.

Le tigre légal rugit en moi
Répond simplement l’enfant.

En fait il deviendra Commissaire de police
Sourit le Proviseur
Ou Pape rigole en douce l’Inspecteur Général
Comment s’appelle ce petit génie ?

André Breton soupire l’enseignant pas convaincu.